Agriculture et biodiversité

 

 

Nous poursuivons notre travail sur le thème de “l’Agriculture et biodiversité” au travers d’un programme
appelé « Gestion de la sous trame des milieux ouverts et semi-ouverts ».

Ce thème se décline en plusieurs actions autour de la connaissance, de la prise en compte des surfaces d’intérêt écologique dans les exploitations agricoles et la modification des pratiques.

Ce programme majeur est central pour notre association. Communiquer encore et toujours avec le monde agricole, accompagner une transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement en prenant en compte les nombreuses contraintes que ce métier impose restent déterminant. L’agriculture génère nos paysages et ces derniers sont intimement liés aux milieux naturels qui subsistent sur notre territoire. La complémentarité des deux composantes forme le socle des possibles en termes d’expression de la biodiversité. La conduite des modèles de production agricole, la gestion des milieux naturels qui sont mis en œuvre déterminent en effet les possibilités dont dispose la nature pour s’exprimer. Grâce aux diagnostics simplifiés, nous tentons de faire passer ce message aux agriculteurs bénéficiant de ce dispositif.

Réunion agriculture et biodiversité – N. Bidron

La LPO Aveyron travaille depuis 2003 avec les agriculteurs du département pour les inciter et les aider à préserver la biodiversité dans leurs pratiques agricoles. Les actions ont débuté par la protection des busards et se sont élargies à la biodiversité en 2005 dans le cadre d’un programme national piloté par la LPO France. Ce programme a permis de réaliser des diagnostics et des mises en œuvre de mesures d’amélioration ou de restauration de la biodiversité à l’échelle d’exploitations ou de petits territoires.

De 2006 à 2018

  • plus de 10 kilomètres de haies ont été créées dont 57% ont été plantés et 43% sont en cours de régénération naturelle
  • 18 mares ont été restaurées ou créées
  • plus de 20 chantiers nature avec des bénévoles de la LPO Aveyron ou des élèves de lycées agricoles ont permis d’aider les agriculteurs à la plantation de haies ou la restauration et création de mares
  • plusieurs agriculteurs ont modifié des pratiques culturales pour favoriser les plantes messicoles (décalage de la rampe de traitements de produits phytosanitaires des bords de champs, travail des bords de champs sans les semer ou en semant à demi-densité seulement).
  • 27 gîtes à chauves-souris et 20 nichoirs d’oiseaux ont été installés ou préservés, permettant aux espèces concernées de jouer le rôle d’auxiliaires des cultures.
  • plus de 2000 ha de prairies naturelles et pelouses sèches, milieux en raréfaction qui abritent un cortège de faune et de flore remarquable, sont préservées et entretenues.
  • des éléments paysagers spécifiques ont été conservés : arbres isolés et morts sur pied ou à terre, tas de pierre et muret…
  • la LPO Aveyron maintient une veille sur la présence d’espèces patrimoniales soutenue par les agriculteurs sur leurs terres (busards, Œdicnème criard, Hirondelle rustique, Petit rhinolophe, pies-grièches)

 

Vous trouverez des informations complémentaires dans le bilan ci-dessous :

Des terres et des ailes

Depuis 2018, la LPO France a lancé, avec le soutien de Chambres d’agriculture France (APCA) un programme intitulé “Des terres et des ailes”, pour lutter contre la disparition des oiseaux communs de nos campagnes. L’objectif est de restaurer les conditions d’accueil et la disponibilité alimentaire (qualité, diversité, quantité), des oiseaux et de la petite faune, des milieux agricoles.

Un site Internet dédié aux agriculteurs leur permet de participer de manière libre et autonome et de trouver une mine d’astuces et de champs de connaissances :

  • Des aménagements favorables aux oiseaux et aux insectes faciles à mettre en place à travers une carte interactive des réalisations et des fiches informatives
  • Des conseils pour accompagner les agriculteurs dans leur démarche
  • De faire connaitre et valoriser les actions concrètes des agriculteurs et leurs expériences

La LPO Aveyron mobilise son réseau de plus de 80 agriculteurs afin de les inciter à valoriser leurs actions sur ce site Internet et de leur donner la parole pour partager leurs expériences, ou simplement, s’enrichir des expériences des autres.

Diagnostics simplifiés

Depuis 2006, la LPO Aveyron a développé un diagnostic de biodiversité afin de conseiller et de d’accompagner les agriculteurs volontaires à mettre en œuvre de façon autonome des mesures de conservation ou d’amélioration de la biodiversité sur leur ferme.

78 agriculteurs ont bénéficié de ce diagnostic. Certains ont découvert une faune remarquable et des méthodes peu contraignantes pour favoriser la biodiversité.

Opérations volontaires

Tous les 2 ans, une action concrète d’amélioration des pratiques de gestion sont proposées aux agriculteurs volontaires, puis évaluées sur le terrain avec les gestionnaires. Un retour d’expériences est ensuite largement diffusé pour une appropriation par le plus grand nombre.

– 2012 et 2013 : Opération « P’tits coins d’champs »

Il a été proposé aux agriculteurs de ne pas récolter temporairement un coin de parcelle qui aurait été sujet à un “accident agronomique” pour laisser s’accomplir un cycle végétal. Cet “accident agronomique” peut être de diverses natures :

  • un faible rendement fourrager  pouvant être du à une pauvreté naturelle du sol ou à une perturbation par la faune sauvage (sangliers), par des parasites (insectes, champignons), etc.
  • un accès difficile aux machines agricoles : une zone formant un bras étroit ou un angle vif, une zone rocailleuse, une zone inondée, etc.

Cette opération avait pour but de montrer que par une action simple les agriculteurs peuvent préserver et aider la biodiversité dans leurs champs cultivés.

Bilan :

  • Indicateur : apoïdes (abeilles et bourdons sauvages) et flore
  • L’abondance et la diversité des espèces est en moyenne supérieure dans les P’tits coins d’champs par rapport aux zones fauchées :

Les fleurs y sont 4,1 fois plus abondantes et 1,6 fois plus diversifiées.
Les abeilles y sont 2,1 fois plus abondantes et 2,5 fois plus diversifiées.
La biodiversité des abeilles est en moyenne 2,3 fois plus importante dans les P’tits coins d’champs que dans les zones subissant la fauche.

Dans les P’tits coins d’champ, on recense :

  • des espèces d’abeilles que l’on ne trouve pas ailleurs,
  • une grande partie des espèces d’abeilles en régression.

– 2014 : Opération « fauche centrifuge »

L’objectif était de permettre à la faune se reproduisant au sol de ne pas rester piégée et de pouvoir fuir en dehors de la parcelle. Le but de cette opération était d’identifier l’impact de cette pratique sur la faune. En effet, la période de récolte du fourrage correspond à la phase de nidification et d’envol des jeunes oiseaux et à la mise bas et l’élevage de leurs jeunes chez les mammifères (chevreuil, lapin, lièvre…).

La fauche centrifuge ou par bandes est aujourd’hui la seule technique conciliant l’utilisation du matériel agricole moderne avec la présence de la faune sauvage vivant dans les prairies. Une recommandation complémentaire consiste  limiter la vitesse du tracteur, au moins pour le passage sur les dernières bandes.

Bilan :

  • 32 agriculteurs ont participé à l’opération
  • La configuration de la parcelle (taille, forme), le type d’outillage, l’acceptation de changer ses habitudes et la sensibilisation à la préservation de la faune des cultures sont tous des paramètres qui peuvent induire sur la mise en place de cette fauche centrifuge par les agriculteurs.
  • détail faune sauvée…

– 2016 : Opération « plantation d’arbres fruitiers »

L’objectif était d’initier et d’accompagner la plantation d’arbres fruitiers par les agriculteurs, pour reconstituer, développer et valoriser la structure bocagère, et pour créer ainsi des habitats favorables à la biodiversité ordinaire dans les territoires agricoles.

Bilan : cette opération a été élargie sur la région Midi-Pyrénées. Dans les cinq départements l’ayant mis en œuvre, le bilan s’élève à 41 participants, 394 arbres fruitiers plantés, et au minimum 102 plantations prévues en 2017. La carte montre la répartition et le nombre d’arbres plantés ou en projet sur l’ensemble du territoire concerné par l’opération.